Le syndrome de matriochka

« Plus tu vieillis, plus tu ressembles à ta mère » : rares sont celles qui échappent encore à cette remarque. L’angoisse. Surtout si la génitrice en question cumule les psychoses à la vitesse de ses rides : on s’en passerait volontiers. Alors qu’une récente étude anglaise affirme que l’âge du basculement se situerait à 31 ans (comptez, mesdemoiselles, le temps qu’il vous reste !), l’appréhension de cet éternel recommencement n’en reste pas moins terrifiante pour les principales concernées. Moi la première, d’ailleurs. Combien de fois me suis-je faite la réflexion, en regardant ma propre mère, que jamais – Grand Dieu, jamais – je ne souhaiterais reprendre certains de ses traits ? Angoissée chronique, pseudo-matérialiste et éternelle insatisfaite, j’en viendrais presque à l’accuser de bovarysme. Et pourtant.

Aussi nuancées que paraissent nos personnalités respectives, personne ne me connait mieux que cette grande gamine, avec laquelle il a d’abord fallut « couper le cordon » pour apprécier la noblesse des vulnérabilités. Jusqu’à en faire un modèle, simplement différent du mien. Inutile de traverser une crise d’adolescence aigüe pour adopter un regard critique sur ses parents : personne ne les juge plus sévèrement que leurs propres enfants. À tort, car c’est bien souvent vers cette valeur refuge que l’on se tourne quand nos vies se retrouvent perturbées. L’ironie du sort : après tant d’années passées à décortiquer les erreurs des aînés, quoi de plus insoutenable a priori que d’en hériter à son tour ? Miroir de nos propres travers, inhérent à tout arbre généalogique. Faisons fi des rancœurs propices aux règlements de comptes toxiques, car c’est peut-être en cette tension que se loge toute la richesse de la transmission. Devenir soi, par identification puis distanciation. En piochant, comme dans une corbeille pleine de fruits, les traits de caractère arrivés à maturité qui nous ressemblent le plus. Un beau compromis quand on sait que la pomme ne tombe jamais loin du pommier.

70 réflexions sur « Le syndrome de matriochka »

  1. joli voyage introspectif, c est un peu ton intimité que tu nous livres. Intimité dans laquelle on se retrouve un peu au moins partiellement. J’y ai fait étape dans ce voyage, ai laissé quelques plumes avant de couper le cordon, çà a saigné, ce fut douloureux, mais la plaie s’est refermée, puis je me suis envolée… 🙂

  2. Hello ! J’ai beaucoup aimé ce billet. En ce qui me concerne, c’est un questionnement que je ne me pose pas, et que je ne me poserai jamais, car même si ma mère est encore en vie, je n’ai aucun lien ni contact. Je me suis construite loin de son image et de son influence, et nous n’avons aucun point commun. Aucun risque de ressemblance, donc 😉

    A bientôt. Bises. Alex.

  3. Plus je vieillis et plus je ressemble à ma mère…c’est vrai.
    Et plus ma mère vieillis, plus elle est sage et philosophe…tant mieux pour moi ;-))
    Par contre un truc qui me fait assez marrer, c’est quand je vois ma fille « péter un câble » à la façon de ma mère….Oui madame, l’idée des matriochka est très bien vue, comme par écho, les traits de caractère se propagent et se collent à la génération suivante, qu’on le veuille ou pas, un peu comme ds ronds dans l’eau.
    Le mieux est de composer en perfectionnant le meilleur ainsi que d’admettre d’où l’on vient.

  4. Bon ben il me reste 2 ans de bonheur alors 🙂 Physiquement ou psychologiquement, c’est vrai que j’ai bien l’impression qu’on n’y échappe pas!
    Bisous

  5. On peut aussi dire tel père telle fille, mais dans les deux cas, c’est vrai que nous héritons forcément de l’un ou de l’autre de nos parents. 31 ans dis-tu ? Il faudra que je surveille ça de (très) près alors ! 😉

  6. Je suis en plein dedans en ce moment… Combien de fois ai-je entendu cette remarque? Je n’y croyais pas, jusqu’à ce que je m’en rende vraiment compte …

  7. Quand on fait partie de la génération sandwich on se rend compte avec effroi que, même s’il nous paraît normal de ne pas vouloir ressembler à notre mère, nos filles ne veulent pas nous ressembler. Et là cela nous semble beaucoup moins légitime !

  8. Si tu dis vrai, j’ai encore exactement 14 ans avant de commencer à m’en inquiéter.. Mais sinon en soit, cela ne me dérangera pas plus que ça puisque je ne m’en rendrai de toute évidence pas compte, même si je t’avoue que vu comme ça ça ne donne pas vraiment envie…

  9. Par mimétisme, conscient ou inconscient, on leur ressemble. Parfois c’est désastreux et d’autres c’est un délice. Tout dépend de la mère ou des parents en questions, mais l’important est de trouver sa propre identité.

  10. Je n’éprouve aucun traumatisme à l’idée de ressembler à ma mère, si ce n’est celui lié aux vieillissement des traits. Tout est question d’identification positive ou non. : )

  11. J’ai hérité de belles qualités mais aussi de beaux défauts, physiques et moraux de ma mère et j’en suis bien contente car elle vit encore un peu à travers moi …

  12. Super article!! j’ai rigolé car je me reconnais dans ce que tu écris! Ma mère est une grande folle, mais plus je vieilli et plus je deviens dingue comme elle 🙂 (Par contre physiquement je ressemble à mon père (dommage ma maman est magnifique) (En fait j’ai choisi de prendre les défauts de chacun :p ).

    J’ai énormément critiqué ma mère quand j’étais jeune car je trouvais qu’elle me foutait la honte, mais au final, avec le recul, je la trouve géniale et je comprends ses petites folies!! Comme quoi, la vieillesse assagit 🙂

    bises

  13. Oui c’est amusant, depuis quelques années (j’ai 35 ans), on me dit parfois que je suis la copie conforme de ma ptite mama! Mais cela ne me froisse aucunement, je trouve cela même plutôt banal, non? Disons que je reste cantonnée au physique, car il n’est pas besoin de bien nous connaître l’une et l’autre pour constater que nos caractères sont bien différents!

    Comprendre les travers, enfin tous les aspects de la personnalité de ses parents aide je trouve à comprendre une part de soi-même. En cela, connaissant à peine mon père je me sens amputée d’une part de connaissances!

  14. Les relations mère-filles sont parfois un mystère. On leur ressemble ou on fait tout pour ne pas. Dans les deux cas, tout part d’elle. Le « pardon » qu’on doit parfois accorder à nos parents est difficile. On est effectivement de dures critiques, mais pour une belle relation une fois adulte, je pense qu’il faut laisser tomber la rancune.

  15. Amusant. Il y a très peu de temps un ami qui m’avait prise en photo m’a fait remarquer que sur certaines je ressemblais à ma mère. A ma grande surprise, mêlée d’un peu d’horreur, c’était vrai! Tu parles du caractère, je suppose. Dans ce cas, j’espère ne pas lui ressembler et surtout ne pas vieillir comme elle.

  16. Il est normal que les traits de ta mère de fassent peur, elle est née en Russie a surement subie deux guerres mondiales. Cela fait beaucoup de sacrifice et de souffrance. Moi je suis un garçon et je la vénère d’autant plus que je les perdue il ni a pas très longtemps. Bisous

  17. En vous lisant, j’ai ,certes, pensé un peu à ma mère mais j’ai surtout pensé à ma fille. Elle aura sûrement des points communs avec moi concernant son caractère mais ne pourra point se retrouver physiquement (à part quelques rides d’expressions).
    Elle vieillira vers l’inconnu sans point de repère de physique. Est-ce que cela l’angoissera? Seule son vieillissement lui dira 😉

  18. Ma hantise, c’est de ressembler à mon beau-père. Mais à mon age avancé, ce sont plus les névroses que je pourrais transmettre à mes enfants que celles dont j’ai hérité qui m’inquiètent. Jusqu’à quand vont-ils me supporter ?
    😕

  19. Je la trouve très jolie, ta conclusion.
    Pour ma part, « Plus tu vieillis, plus tu ressembles à ta mère » : jamais personne ne m’a fait cette remarque. Au contraire même.
    Je me souviens, ado, d’un voisin qui m’avait arrêtée dans ma rue, pour me demander « Vous êtes l’amie de la jeune fille qui habite au 32 ? Celle aux cheveux noirs ? » Moi, étonnée, de répondre : « C’est mon amie, oui, mais c’est moi qui vis au 32 » Lui, semblant presque douter de ma parole : « Mais vos parents ont tous les deux des cheveux noirs, comme elle, et vous êtes blonde ! (à l’époque, j’avais les cheveux plus clairs, j’ai foncé en prenant de l’âge) »
    L’âge du basculement, 31 ? Je n’ai rien remarqué et l’ai pourtant dépassé…
    Cela dit, je remarque que certains de mes travers se retrouvent chez elle, ou inversément… J’ai beaucoup à dire sur le sujet, mais ça deviendrait trop personnel. 😉

  20. franchement, je ne crois pas avoir grand chose à voir avec ma mère, même physiquement mais bon, je peux me tromper ! De toute façon, mes parents n’étant plus de ce monde, je crois que je n’ai plus ce genre de préoccupation (en supposant que je l’ai eu un jour!).

  21. Très bel article Polina!
    Moi je ne veux ressembler à personne même si plus jeune, tout le monde disait que je ressemblais à ma mère. C’est la phrase type que l’on entend à l’adolescence! Aujourd’hui, je ne veux qu’être moi-même!

  22. Donc, à 31 ans quand on a sa compagne ou copine à la maison, c’est un peu comme si on avait en plus la belle-mère à dos, alors.

    Merde alors!! 2 chieu… 🙂

  23. Pour mieux comprendre les tensions entre ma conjointe et une de nos filles, jeune adulte, je me suis procuré « Ma mère, mon miroir » de Nancy Friday, que je lis, quelques pages à la fois et qui alimente ma réflexion.

    Il est assez fréquent de voir de jeunes garçons rêver d’être un jour comme leur père, alors que ça semble beaucoup plus rare chez les jeunes femmes de souhaiter être à l’image de leur mère. La question à se poser alors est de savoir si, plus tard, les filles qu’auront eues ces jeunes femmes continueront à reproduire ce besoin de se distinguer de leur mère. Ce livre de Nancy Friday donne des pistes intéressantes sur l’origine occultée de ces tensions.

  24. Je ne sais pas si en vieillissant on ressemble à ses parents ou plutôt si en ayant des enfants, on se retrouve aussi le vieux con de quelqu’un 😉

  25. Quand on me dit que je ressemble de plus en plus à ma mère, c’est pour ses défauts et sincèrement ça me gave. Idem avec ma fille qui me fait des reproches sur les ressemblances qu’elle a avec moi, que du négatif ! Il va falloir que je creuse la chose !

  26. En lisant ton article, j’ai tout de suite bien sûr, pensé à ma mère en me disant que je n’avais pas du tout envie de lui ressembler, car d’emblé c’est son coté le moins beau, le plus négatif qui m’est venu à l’esprit …
    Pour moi me dire que je lui ressemble n’est pas du tout un compliment !
    Elle a aussi comme tout le monde des bons côtés mais ça n’est pas à ça que je pense quand j’imagine pouvoir lui ressembler
    Finalement c’est très négatif de ne penser qu’au mauvais d’une personne !

  27. Moi c’est l’effet inverse. Quand j’étais enfant, pas une journée ne se passait sans qu’une parent d’élève souligne la ressemblance avec ma mère. Et puis les années passent, les erreurs lassent et le futur trépasse. Depuis mon plus jeune âge je m’efforce de ne ressembler à personne. Le mouton de Panurge, très peu pour moi. Mais comme tu le soulignes si bien, il faut se détacher des choses pour les apprécier avec un oeil nouveau. Et aujourd’hui, je me dis que ma mère, j’aimerai bien lui ressembler finalement.

    http://www.unefillederable.com

  28. ce n’est pas mon cas… du tout! 🙂 enfant, je ressemblais physiquement à ma feu-mère(TRÈS belle femme!) et adulte à ma grand-mère paternelle… un super-compromis, car j’ai hérité de l’énergie, du dynamisme, la détermination et la droiture de maman-gue(avé l’assent!)… 🙂

  29. Très bel article plein de vérité. J’observerai à l’approche des 30 ans si je ressemble de plus en plus à ma mère. Pour le moment, niveau caractère, on est assez différentes. On verra…

  30. et oui, la vie est pleine de ces petites contradictions lol
    moi j’ai l’habitude qu’on me dise que je suis le sosie de ma mère, on nous arrête même dans les magasins pour nous dire à quel point notre ressemblance est frappante… Gosse, un jour ma mère a été à une réunion parent/prof et hop, je m’étais absentée pour jouer lol, ma mère entre dans la salle et la prof lui dit « ah vous même pas besoin de vous présenter vous êtes la maman d’Adeline… » et oui, cette ressemblance je l’ai depuis toujours et je m’en approche de plus en plus je crois sans pour autant que cela ne me fasse peur 😉

  31. Très bel article, comme toujours…
    C’est drôle, moi à 31 ans j’étais copie conforme de ma mère, ou du moins, je m’en rapprochais allègrement. Et puis un changement drastique dans ma vie personnelle a tout chamboulé, et bam, à 33 ans, je me rends compte que le basculement s’est effectué en sens inverse… je ressemble de moins en moins à ma mère (je parle caractère, pas physique) et de plus en plus à mon père, et ça me convient. Comme si en inversant la courbe, je m’étais trouvée moi-même 🙂

    http://www.mamzette.com/blog

  32. Même en vieillissant, je ne ressemble toujours pas à ma mère physiquement : elle blonde aux yeux verts, moi brune aux yeux marrons ! Et de son caractère, j’ai hérité le côté souriant et serviable, ce qui n’est pas une tare ( je pense ! ) quand on l’utilise sans ostentation ! 🙂 Je m’entends très bien avec elle et je suis fière d’elle car dans une période très dure de notre vie, elle a su rester très forte !

  33. Ai je de la chance ou pas alors? Si physiquement, je suis presque le sosie de ma mère, plus je vieillis plus je m’en éloigne. A tel point que ma vie lui est incompréhensible, et que nous n’avons plus rien a nous dire une fois le small talk passé. Ça n’empêche pas d’être polie, comme avec la voisine.

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