Des épidémies, des animaux et des hommes

francoismoutouSIDA, vache folle, rage, ou dernièrement Ebola : et si les maladies émergentes étaient révélatrices de la gestion approximative du monde par nos sociétés ? Alors qu’aucun jour ne passe sans que les médias n’évoquent la présence de multiples risques sanitaires, François Moutou revisite l’histoire de ces maux à la lumière des relations que l’Homme entretient avec les autres vivants. Aurait-on fait fausse route ? « Nous avons oublié non seulement que l’espèce humaine est également d’origine animale, mais aussi que pendant la plus longue partie de notre histoire nous nous considérions comme une espèce parmi les autres. Nous imaginer différents, à part, représente un point de vue assez récent et probablement prétentieux. »

Docteur vétérinaire et épidémiologiste, l’auteur a longtemps travaillé sur les maladies communes à l’Homme et aux animaux pour en saisir les nombreux mécanismes. Aujourd’hui encore, il affirme que la biodiversité reste très mal comprise. « Nous commençons seulement à découvrir la richesse de nos relations avec le monde des microbes, indispensable à notre vie et à notre survie. Parler de cohabitation avec le monde animal impose d’évoquer la riche notion de symbiose. » Autrement dit, se situer à sa juste place : au milieu et non au-dessus des autres espèces. À l’heure où nombre d’entre elles disparaissent (les microorganismes pathogènes y compris), l’auteur rappelle que cette « perte contemporaine de la biodiversité n’est pas synonyme d’un monde « plus propre ». » Bien au contraire : elle pourrait transformer la Terre en « dernière Arche » sans destination pour l’accueillir.

Analyses d’épidémies, causes de réémergence, chaines de transmission et usage (ou non) des animaux en laboratoire, sont autant de pistes de réflexion que présente le dernier ouvrage de François Moutou, avec une pédagogie surprenante au vu de la complexité du sujet. Si l’Homme tient désormais le premier rôle sur Terre, il lui revient de considérer la biodiversité dans son vrai sens : « la nature, ni bonne ni mauvaise, mais foisonnante et belle, avec ses herbivores et ses carnivores, ses proies et ses prédateurs, ses naissances, ses malades et ses morts, serait alors, de par ses richesses et ses contradictions, emblématique de cette éthique nécessaire au maintien de la vie ». À l’image, somme toute, du bon fonctionnement de notre propre organisme.

31 réflexions sur « Des épidémies, des animaux et des hommes »

  1. oh interessant ce livre!!! tu me donnes envie d ele lire!!!!!
    c’ets clair qu’il n’y a pas un jour où on ne lit pas des articles sur des risques sanitaires, des epidemies…

  2. Hélas, on ne peut plus revenir en arrière mais on peut toujours changer les choses si on le veut vraiment. Il faut reconnaître une bonne fois pour toutes que toutes les espèces sont importantes et nécessaires et les protéger.

  3. Je suis tout à fait d’accord pour dire que l’homme est égal à l’animal. Et c’est à cause de nous que tout ces animaux tombent malade .. La société part en vrille .. Bel article encore une fois !
    Bisou Polina

  4. Pas inutile de rappeler que la race humaine n’a rien de supérieure aux autres
    Un peu plus de respect de notre planète et de ses occupants petits et grands devient indispensable mais bon nombre ne s’en préoccupent absolument pas noyés dans un grand élan d’égoïsme

  5. La nature est bien faite et je pense que tous les organismes présents sur cette Terre ont leur utilité. Le problème est que l’Homme avec son envie de tout contrôler en vient à ne plus respecter ce qui est naturel…

  6. On en regretterait presque les grandes époques de la peste, du choléra, de la polio, de la variole, sans oublier la grippe espagnole. Des espèces aujourd’hui en voie de disparition…
    🙄

  7. Ha! C’est appréciable de le lire « que l’espèce humaine est également d’origine animale, mais aussi que pendant la plus longue partie de notre histoire nous nous considérions comme une espèce parmi les autres. » Le voile de l’illusion de la séparation est en train de tomber, un peu plus à chaque instant. De + en + commencent à ressentir le lien qui nous unit. Lorsque nous aurons tous intégré que l’autre (quelle que soit sa nature!) n’est qu’une expression de nous-même… WOW ce sera WOW tout simplement 😀 La fin des jugements, des comparaisons, des dualités…

  8. Ce qui nous étonne ce sont justement les psychoses sanitaires. Vache folle, grippe aviaire, ebola devaient, selon les médias, se propager à la vitesse supersonique (puisque transmises par avion!) à toute la planète. A chaque fois nous nous sentons menacés comme au Moyen-Age lorsque les épidémies de peste ou de choléra décimaient la moitié de la population. Ne pourrait-on pas avoir des avis plus modérés ?

  9. Coucou Polina,
    Merci pour ton article. Je ne connais pas ce livre, ni cet auteur, mais c’est un sujet très intéressant. Etant végétarienne, je suis cela dit beaucoup moins exposée à ce genre de problèmes.
    Tes articles sont toujours aussi agréables à lire. 😉
    Je te souhaite une belle journée.
    A bientôt.
    Lili.

  10. toutes les époques ont eu leurs épidémies dévastatrices pour les animaux bêtes comme pour les animaux humains : peste, choléra…mais nos amies les bêtes ont toujours été épargnées par celle de la bêtise au contraire des animaux humains chez lesquels elle fait toujours des ravages !
    bonne soirée Polina 😉

  11. ET ces psychoses sanitaires ont un écho décuplé dans des sociétés post-modernes où le culte du  » risque zéro  » règne 😉
    a presto, Antoine

  12. Une amie de formation vétérinaire dinait chez moi hier soir et on parlait justement de la vache folle et de la grippe aviaire. Il est possible que la « maladie de la vache folle » soit en réalité endémique chez l’être humain. Elle a fait relativement peu de morts parce qu’elle se développe très lentement… Ca n’a quand même rien de rassurant!

  13. Si une autre espèce détruisait son habitat à la même vitesse que nous le faisons, on dirait sûrement que c’est une espèce nuisible. Si, en plus, elle n’avait pas de prédateur et que la surpopulation menaçait la survie de tous le territoire environnant, on crierait à l’urgence d’agir. Le vivant étant une constante adaptation, une suite d’action et de réaction pour la survie, c’est à se demander si la terre elle-même ne trouvera pas un moyen d’éliminer la menace que nous représentons pour elle. Même si des tas de gens sont franchement sympathiques, allumés et respectueux de l’environnement, globalement, l’être humain est de plus en plus une espèce toxique. J’ai envie de lire ce livre de françois moutou (tout en minuscules).

  14. Je pense qu’au départ l’homme devait transformer la nature pour faire fonctionner les sociétés mais on est maintenant dans la phase où il faut retrouver une part de nature de façon à vivre mieux.

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