Bouillabaisse sémantique

Depuis le temps que nos parents nous le répètent en boucle, c’est pigé : on ne joue pas avec la nourriture. Sauf que les jeux de mots pourraient bientôt eux aussi devenir mal vus avec l’article L. 654‑23 de la loi alimentation, qui interdit tout bonnement d’appliquer aux produits végétaux certains termes utilisés pour la production animale. Quésaco ?

Autrement dit : fini le lait d’amande, les nuggets veggie, les steacks de soja ou encore le yaourt végétal. Faudra désormais trouver une autre appellation pour ne pas courir le risque de se retrouver hors-la-loi. Haut les mains, police sémantique ! Avouons quand même que ça fait beaucoup de foin pour pas grand-chose, sous prétexte que le consommateur pourrait être berné par des dénominations fallacieuses lui faisant prendre du tofu pour du bacon. Ou des vessies pour des lanternes, tant qu’on y est.

Bien que les raisons de cette législation soient facilement compréhensibles, on se demande quand même si celle-ci ne prend pas les acheteurs que nous sommes pour des abrutis finis. Comme si le rayon « végétarien » n’était pas facilement identifiable dans notre supérette, à croire qu’un petit malin s’y serait aventuré à mélanger des saucisses de porc avec des bâtonnets de céréales pour brouiller les pistes. La rigolade. Sans parler du nombre croissant de personnes qui décryptent les étiquettes à la loupe avant d’acheter un produit qu’elles ne connaissent pas. M’enfin bref. Y a pas de quoi en faire tout un flan.

Surtout quand on dresse la liste de tous les autres produits qu’on devrait ainsi renommer, à commencer par le tartare d’algues, les noix de Saint-Jacques ou encore les tomates cœur de bœuf… C’est à n’en plus finir, comme l’explique très bien cet article vu sur Slate.fr. Passé le moment coup de gueule, une question se pose. Pourquoi vouloir coller à tout prix un mot « carné » à un produit veggie, tout ça pour le rendre « plus appétissant » aux yeux du consommateur ? Sûrement pour aider ceux qui se convertissent au végétarisme à passer le cap plus facilement, mais c’est un autre débat… Pour la faire courte : autant de faux-problèmes qui se résument très bien dans cette phrase que nous avons tous entendus un jour. Mange ta soupe… et tais-toi !

8 réflexions sur « Bouillabaisse sémantique »

    1. Bonjour !
      Si j’ai bien lu le texte Polinacide ne met nullement en question l’industrie de la viande mais une certaine sémantique. De fait une désignation de objets de consommation à partir d’une sorte de -bine entendu là je suis d’accord – de refus qu’une certaine industrie de la viande. J’ai raconté mon erreur d’enfant. Mais d »‘un autre côté je ne vois pas nonplus qu’un agglomérat « veggie » prendrait le nom de « steack » !!! Donc là Marjorie ils ont raison, non ? Si vous n,e voulez pas manger de viande, il n’y a pas de raison que l’on donne au truc le non de « steack non ?

      P.S. En passant Polinacide nous avons un ami commun. Pour le joindre en ce moment il est sur son yacht. Vous n’avez sans doute plus de contacts. Mais je n’ai besoin que d’un élément – je ne peux me déplacer en ce moment…
      Mon truc c’est un centre ville . J’aimerais bien qu’il reste en son image. Et seul Léonid B. peut le faire. Parce que sinon ma rue ne serait plus ce quelle est (je pense qu’on a donné de l’argent…pour des bidules internationaux) Et sinon j’ai des amis qui veulent contrer par la Krisha …. Le truc c’est que la municipalité peut tomber. J’aimerais que cela se passe au profit de tous. Si vous le trouvez il me trouvera. Sinon cela serait une rue entière pour des « Kurdes » ou des « Géorgiens » Mais à m’excuser j’ai bu trop de Vodka 😉 Bon ne tenez pas compte du P.S. 😉
      Je vais manger des veggies 😉 Et puis…

  1. Quand j’étais enfant je tardais à avoir de l’appétit. Un médecin après l’autre venait, dirais-je, me consulter…;-) Et pourtant dans ma famille s faisaient déjà les plats les plus formidables du monde : Koulibiac de Saumon, Mignon de boeuf truffé en croûte sauce morilles, Carpe, à la juive, Petits pigeons farcis que ma grand-mère cherchaient vivants au marché et Cuisses de grenouilles fraîches pas d’Indonésie. Enfin cervelles de je ne sais plus quoi (agneau, lapins, etc…) Mais je ne mangeais pas ! Et puis on m’a mis dans une clinique pour m’enlever les végétations et les amygdales. A partir de là la bête était déchaînée. Ma mère était aux anges.
    Mais je ne donnais pas de nom aux chose que je mangeais. Sauf à un truc que faisais ma grand mère et que j’appelais Greegraaknepkle ( un mélange d’Alsacien et de Yiddish : les quenelles vertes comme l’herbe (persil sans doute, je n’ai jamais retrouvé la recette. même ma mère n’arrivait pas à refaire) avec une sauce tomate.
    Mais pour venir au fait.
    Je ne trouve plus tous les titres pas « politiquement corrects » comme les « Têtes de Nêgres » qui en Allemagne son les Neggerküssse » etc…
    Ce que vous nous révélez une fois de plus en votre sagacité Polinacide, c’est l’acharnement politiquement correct sur les termes ! Je pense qu’il y a des raisons juridiques simples qui font que par exemple le terme de « steack » ne dépend en rien du soja, mais de la quantité de viande qu’il y a dans un steack haché.. Les industriels mettent facilement n’importe quoi d’un un truc qu’ils appellent  » steack  »
    De fait, je crois que ce n’est pas une mesure pour embêter les végétariens – que les dieux les portent en leur faveur ! – mais pour défendre les consommateurs de viandes.*
    Et que du coup les produits végétariens sont tombées sous le coup en plus.
    Il est vrai que je n’ai pas lu l’article de loi, mais j’ai lu celui de Slate qui parle de beaucoup d’autres choses.
    Ceci dit, cela ne me dérange pas que l’on me propose un  »  » steack  » de Soja.
    Cela me rappelle juste une histoire qui nous ramène au début de mon texte.
    Dès lors que je me suis mis à manger ce que ma grande-tante jouait de tous les imaginaires ( épinards- Popeye; cervelle -intelligence, etc..)
    Un jour allant pour la première fois à Paris. Les deux parents et les 4 petits frères ont se déplaçait toujours à deux taxis. Je ne vous dis pas le trip à Versailles… On soir à l’Hôtel, ma mère débordé par les petits ( il y avait quand même le dernier en poussette, me dit commande. Et j’ai lu «  » steack tartare » et j’ai commandé. Sauf que ma grande tante appelait steak tartare un steak à cheval ( donc oeufs) durant qu’elle me racontait que les mongols mettaient leurs steacks sous la selle pour les rendre plus tendre ( c’était sans doute une idée dans les années de sa jeunesse) Aujourd’hui on sait que c’était du sang séché. En tous les cas voici que les serveur arrive avec un de la viande crue et de me demander ce que je veux comme assaisonnement. Mister Bean N’existait pas à l’époque mais je lui ai ai fait le bidule. En fait non. Je savais déjà que je n’aimais pas les câpres. Et depuis j’adore la viande crue. Aussi bien parce que le serveur voyait bien ce qu’il fallait fallait faire et pas. Ce Monsieur dans cet Hotel 3*, et qui voyait ma mère se débattre avec mes petits frères, m’ a initié au  » steack tartare » . De manière géniale il m’a dit : Vous, mon jeune Monsieur vous devez aimé la viande pure (j’ai failli lui répondre : ben cuite quoi ! ») Alors je vais vous la proposer avec des ingrédients. Et il m’a fait un truc, qui a bien dû durer 45 m, en me faisant goûter tous les truc qu’ils avaient … et même les trucs qu’ils ne mettaient pas ordinairement… Aujourd’hui je me fais mon tartare. Mais parfois dans certains restos où ils en font un truc ( pas en France…) de prestige (aux USA parce que surtout au Texas) parfois j’en demande deux le leur et puis l’autre avec le cuisinier…
    Mais pour finir,l’histoire des « steacks » veggies, dans le fond pourquoi ne pas trouver de noms ?
    En Scandinavie il y a des termes.
    A suivre…
    P.S.

    Je ne relis pas. J’ai bu trop de vodka. Ce qui s’est passé ces derniers jours me bouleverse.

  2. Hello !

    Toujours un vrai plaisir de te lire. Je suis bien d’accord ça fait tout un foin pour rien et comme tu le dis, ça prend le consommateur pour un abruti. Je ne mange plus de viande alors je connais bien le rayon végétarien et généralement c’est écrit dessus (comme le port salut haha) donc facilement reconnaissable encore une loi pour détourner le peuple du vrai problème lol.

    Bon week-end 🙂

  3. Nous sommes d’accord avec vous, beaucoup de bruit pour rien. D’un autre côté, nous aimerions parfois des étiquettes plus claires et plus lisibles.
    PS Une petite anecdote : il y a quelques années, un ami avait fait une compréhension. Il confondait la viande pour animal avec pur animal 😉

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