L’amour est dans l’urne

Rares sont les communiqués de presse qui ont autant piqué ma curiosité. D’autant plus en tant que journaliste politique. Et pourtant, il arrive aussi qu’un truc sexy atterrisse dans ma boîte mail, pile le jour où je sèche pour trouver un sujet à exploiter sur le blog.

Bien que sexe et pouvoir se sont toujours mariés à merveille, personne n’avait encore pensé à afficher ses idées politiques en pleine action. Que ça vous excite ou non, c’est désormais possible. A droite, à gauche, au centre voire aux extrêmes, tous les recoins du plumard vont y passer grâce aux nouveaux préservatifs de Callvin. Absolument collector. Ne manquant ni de piquant ni d’humour, ils permettront aux plus passionnés de brandir fièrement leurs convictions pour la France jusqu’au bout de la nuit. Quitte à faire fuir leur partenaire, puisque cette élection présidentielle ne manque pas de rebondissements. Quant à ceux que l’offre politique 2017 n’emballe guère, ils pourront toujours se taper une bonne barre histoire de décompresser un coup. Une façon comme une autre d’éviter l’abstention.

Fin de partie

Coup de tonnerre sur la planète people : les Brangelina divorcent. Annoncée depuis des lustres par les gros titres à ragots, la nouvelle n’en a pas moins fait l’effet d’une bombe, que ce soit dans les médias ou sur les réseaux sociaux. Comme si on ne l’avait pas vu venir. Sans y avoir été invité, tout le monde s’en mêle pour rajouter son grain de sable à l’affaire, à croire que les sept milliards de terriens ici-bas sont profondément concernés par cette rupture. Peut-être est-ce même la manière dont certains le vivent. Et pour cause : rien de tel que d’admirer ce qui va mal chez le voisin pour relativiser la médiocrité de sa propre existence. Surtout quand il s’agit d’une célébrité que nous envions en secret : qui ne troquerait pas sa petite routine pour une vie rythmée de luxe, de fines bulles, de fans déchainés et de sourires ultrabright ? Allez, ne serait-ce qu’un jour. Lire la suite « Fin de partie »

Garance Doré, « une success story » à la française

Pour commencer l’année en beauté, je partage avec vous mon interview de Garance Doré publiée au mois de décembre, à l’occasion de la sortie de son premier livre, Love Style Life. La rencontrer fut un plaisir d’autant plus grand que j’ai commencé à suivre son blog lorsque je n’avais que 15 ans. Et je n’ai pas arrêté depuis. 

Cliquez ici pour visionner l’interview.

Copyright photo : © Erik Melvin

Espace vital : alerte à l’invasion

« Pot de colle ». À Paris, force est d’admettre que l’expression ne s’applique pas qu’aux couples neuneus, surtout si l’on est adepte des transports en commun. Heure de pointe oblige, chaque sortie de bureau vous emporte dans un rapport fusionnel (consenti ou non) avec l’ensemble de vos voisins de métro, le temps d’un trajet moins glamour que celui que vous vantent les pubs pour « s’envoyer en l’air » entre deux stations. « Pas avec n’importe qui ? » Tu parles. Un coup de coude par ci, un croche pied par là, des frottis en veux-tu en voilà : de quoi repousser les limites d’un espace vital déjà confiné dans son 20m2 parisien. Une taille coquette dont on s’accommode… jusqu’à ce qu’une tierce personne vienne l’envahir. Lire la suite « Espace vital : alerte à l’invasion »

50 raisons d’être frustré

À deux, c’est mieux. Et c’est surtout plus amusant. C’est ce qu’on s’est dit avec Cinéluctable pour notre première collaboration « ciné », inaugurée avec le très attendu Cinquante nuances de Grey. Histoire de marquer le « coup », quoi.

50-shades-of-GreyRien de tel que l’interdit pour faire monter l’excitation : ça, l’équipe marketing de Cinquante nuances de Grey l’a bien compris. Après avoir chauffé les ménagères à grands coups de BA sulfureuses, la sortie du film s’est doublée subitement d’un embargo sur les critiques, de quoi attiser un peu plus l’effet d’hystérie. Un retrait dans les règles de l’art, mais pas sans bavures. Frustration garantie côté presse : la voilà muselée et réduite au même sort que cette pauvre Ana, forcée à se taire au risque de récolter une sévère fessée. Finement orchestré, le coup de comm’ ferait presque un sans fautes tant il reprend le principe même de séduction : je te fuis, tu me suis. Mais il en va de l’effet de buzz comme des passions éphémères : la tension va crescendo pour finir dégonflée comme un flan. Mi-molle, tout au plus.

Verdict après tant de matraquage médiatique ? Trop de bruit pour pas grand chose. Si Cinquante nuances de Grey raconte bien une histoire d’amour à l’eau de rose, la mièvrerie ne laisse que très peu de place au piment annoncé. Manque d’action, de rythme, et bien entendu de cul : rien de bien croustillant à se mettre sous la dent donc, hormis quelques gémissements et deux-trois scènes pseudo-coquines. Résolument plus cucul que SM: allez donc fouetter d’autres chats le soir du 14 si vous voulez vraiment « lâcher prise ».

Le Kâma-Sûtra « sexpose »

expo-kama-sutraLa galipette en 64 positions. Pour la première fois, la Pinacothèque de Paris consacre une exposition aussi osée que « profonde » au plus célèbre des livres hindouistes : le Kâma-Sûtra. Si l’Occident le résume souvent – à tort – à une vulgaire encyclopédie pornographique, ce texte fondateur de l’une des plus anciennes religions orientales était censé servir de guide à l’homme et à la femme pour atteindre le salut. Et pas uniquement à quatre pattes. S’il fait partie de ces ouvrages que l’on préfère feuilleter en privé, la Pinacothèque a réunit plus de 300 œuvres des collections majeures pour replacer le Kâma-Sûtra dans son contexte spirituel de l’époque : en sept livres et trente-six chapitres, selon son découpage d’origine. Une perche fort bien tendue pour être refusée. Lire la suite « Le Kâma-Sûtra « sexpose » »

Je pense donc je jouis

je-pense-donc-je-jouisQu’est ce qu’un « bon » coït ? Voilà une question – ô combien – existentielle que les philosophes ont préféré passer sous silence, à l’exception notable de Sade qui compense à lui seul la pudibonderie de ses pairs. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. Entre plaisir, vérité, bonheur et passion, les penseurs se sont abstenus d’évoquer « ne serait ce qu’un innocent missionnaire », une lacune d’autant plus surprenante lorsque l’on sait à quel point le sujet travaille les esprits. Pas de quoi rougir en somme, si ce n’est de frustration. Quand d’après Freud et Platon toute recherche de la vérité commence avec le désir sexuel, pour Sylvain Bosselet, « un trou béant reste à combler pour marier le philosophe et le cul ». Il n’en fallait pas plus pour que l’auteur passe à l’acte. Qu’est-ce qu’un « obsédé », une « belle » paire de fesses ou l’universellement « vrai » en sexualité ? Sans aucune gêne et pour notre plus grand plaisir, son dernier essai pose les jalons d’une « philosophie du cul » dépourvue d’a priori, avec un certain humour qui n’ôte rien à la qualité d’une réflexion constructive. « Il faut prendre au sérieux le cul – cette puissance capable de faire vaciller les rois sur leur piédestal ». Comme une invitation à franchir la porte arrière vers l’extase, cette lecture jouissive se savoure crescendo avec tous les préliminaires qu’elle implique : le septième ciel à portée de page. 

L’amour au second degré


« Chéri, il faut qu’on parle »
. Métro, boulot, dodo puis vaisselle, ménage, repassage : qui aurait cru que la vie à deux serait si peu trépidante au quotidien ? Certainement pas Barbie, dont le sourire indécrochable ne déride pas même en plein sommeil. Sans doute le mutisme de Ken n’y est pas étranger, épargnant les « t’as encore claqué tout notre fric » et autres « moi je descends toujours les poubelles » redondants. C’est pour éviter ce genre de marronniers que de nombreux couples décident d’habiter chacun chez soi, réservant leurs moments de tendresse aux instants qui s’y prêtent pleinement. Vivre séparés, pour mieux se retrouver, par désir et non par automatisme. De quoi faire battre de l’aile le mythe du  « Grand Amour » ? Pas si sûr, car la passion aveugle ne dure qu’un temps avant d’atteindre sa date limite de consommation. Trois ans plus précisément à en croire Frédéric Beigbeder.  Lire la suite « L’amour au second degré »

«Mon mec », mon os à moi

«Terriblette », c’est ainsi qu’il m’appelle. Que l’on soit adepte ou non des niaiseries propres à toute relation amoureuse, il semblerait que certains passages soient obligés et d’autres voies sans issue. Le coup du petit surnom, comme celui du pet sous la couette, tout le monde y aura droit tôt ou tard. Impossible d’esquiver. Compte tenu de mon (dé)goût prononcé pour les « bisous » et autres bavures de couple, c’est non sans une certaine fierté que j’ai pu échapper aux « chouchou », « princesse », « doudou » et j’en passe des meilleures. « Some like it hard », dira t-on. C’est pourquoi j’avoue me sentir complètement dépassée chaque fois que j’entends LA question existentielle – inévitable elle aussi – sortir de la bouche de mes congénères féminines: comment l’appeler, lui qui partage notre vie ? Lire la suite « «Mon mec », mon os à moi »

L’art de battre sa maîtresse

9782749132846Sortez les cravaches Messieurs, car l’érotisme est en vogue. Comme un clin d’oeil pimenté à la vague de succès de 50 Nuances de Grey, le Cherche-midi réédite L’art de battre sa maîtresse, une dissertation burlesque signée Pierre-Jean Grosley datant de 1768. Préfacé par Michel Delon et apprêté d’une nouvelle couverture résolument baroque et « sexy », cet exposé loufoque se voudrait presque provoquer une époque où on ne peut plus « gifler un enfant sans mobiliser les ligues de vertu, faire rougir les fesses d’une amie sans voir débarquer une escouade de Femen, tous seins dehors. Il semble même interdit d’en rire. » Aux sujets délicats, place au second degré : qu’on plaisante ou qu’on s’indigne, « on ne fait point la paix sans avoir eu la guerre ». Un sain masochisme, ou « raffinement extrême entre amants conscients et consentants qui savent jusqu’où ils peuvent aller trop loin ».  Lire la suite « L’art de battre sa maîtresse »