Bio mais pas trop

À l’heure où les épiceries biologiques fleurissent à Paris plus vite qu’un champ de pissenlits, l’agacement provoqué par cette vague green progresse en même temps que ses parts de marché. Un principe de vie qui dérange, voire suscite un rejet allant au-delà des attendus lobbies agro-alimentaires. Étonnant lorsque l’on sait que le bio relève du bon sens.

Étant moi-même une habituée du label « AB », je me suis longtemps demandée pourquoi les dits « écolos » sont devenus les nouvelles cibles des moqueries populaires. Moralisateurs, pâles comme la mort, rabat joies et mauvais vivants, autant dire qu’ils sont imbuvables pour leur propre entourage. Ne parlons même pas des végétariens, il s’agit d’une espèce à part, dont les détracteurs espèrent secrètement qu’elle s’éteindra bien tôt ou tard pour cause d’anémie précoce. Si ces railleries en disent long sur le déni écologique cultivé par certains, d’autres préfèrent simplement dénigrer l’alternative qui les renvoie à leurs propres écarts, faute de vouloir changer leurs habitudes de consommation. Plus facile.

Il n’en reste pas moins que le bio énerve: la principale raison étant la dictature hygiéniste, nouvelle religion du XXIesiècle et désormais véritable substitut à Dieu. Avec pour syndrome principal, l’hyper-bobo assidu de l’AMAP, la démarche chaloupée, le brocoli fier et juteux dépassant légèrement de son sac en coton éthique. Un marketing herbivore bien féroce. Aussi cliché soit-elle, la farce de la mascarade ne doit pas pour autant forcer le désaveu. Ne boudez pas le logo vert sous prétexte qu’il donne un genre aux bourgeois en quête de marqueur social, vouloir manger bio ne relève pas du caprice. Ca va de soi. De l’acte militant à la prise de conscience générale, l’exigence d’une vie plus saine ne mettra pas nécessairement les comptes bancaires dans le rouge, à condition d’adopter quelques nouvelles habitudes. Des gestes qui, à terme, deviendront aussi naturels que de ruminer un brin d’herbe.

88 réflexions sur « Bio mais pas trop »

  1. Très bon article, qui révèle un problème crucial. La « tendance bio » tue le bio, car l’UE allège toujours plus les contraintes des labels pseudo-écolo, autorise toujours plus de dérives pas très vertes, pour que des Carrefour et autres Monoprix puissent vendre du AB pas bio et pas bien cher (mais avec une marge plus que correcte et un salaire de misère pour des employés maltraités… je sais de quoi je parle…). Bref, la mode du bio c’est pas du bio, si tu veux du bio fais le pousser dans ton jardin (ou sur le bord de la fenêtre).
    Bises, au plaisir de te lire
    PS: en réponse à ton commentaire du 26 janvier, j’en profite pour te signaler que, MIRACLE, je tente un retour sur mon blog.

  2. Je suis pas une anti-bio, plutôt une « bio mais pas trop ». Je trouve que les marques profitent trop de cette tendance, choisissant des couleurs vertes alors qu’elles ne respectent pas réellement la nature pour s’attirer une nouvelle clientèle… Des prix bien trop élevés parfois…

  3. Ton article est très vrai. Pourquoi suis-je le sujet de raillerie quand j’ajoute des graines germées dans mes salades, quand je refuse un morceau de viande ou quand je fais mes tartes à la farine de sarrasin?? Je ne me moque pas de ceux qui se nourrissent aux fast-food trois fois par jour, ceux qui boivent un café après leur repas ou mangent des oeufs catégorie 3!
    J’ai bossé dans une boutique bio et il y en a vraiment certains qui m’ont agacé. Comme tu le dis c’est une mode chez certaines personnes. Manger bio n’est pas forcément sain. Etre naturel et sain c’est apprendre comment son corps fonctionne, c’est connaître les principes de la nutrition et apprendre à les appliquer dans son quotidien.
    Pourquoi ceux qui changent leurs habitudes énervent la masse, je ne sais pas mais c’est vraiment dommage de ne pas accepter la différence.
    Je suis naturelle et fière de ne plus être un mouton dans la masse des consommateurs! Merde alors!
    Merci pour cet article!
    Océ

      1. Peut-etre que je me trompe aussi… Mais je la ferme impression d’avoir contribué… Bonne journée Polina.

  4. très bonne analyse, dans ton article.
    Et je dirais que meme si ca agace, meme si ce n’est qu’une mode pour certain, si cela permet de manger mieux, ce sera toujours cela de prit !

  5. La plupart des gens qui se moquent des consommateurs de produits bio le font souvent par méconnaissance. Et puis, pour certains, il s’agit de produits trop chers. Dans quelques décennies, je pense que la plupart des produits cosmétiques seront expurgés de pas mal de substances nocives, et on cultivera et mangera davantage bio. La tendance, ce n’est pas le retour à la dictature hygiéniste, mais une prise de conscience du « bien manger, mieux consommer »!

  6. J’aurais tendance à dire qu’il faut rester mesuré comme dans tout domaine … j’ai une collégue qui est pro bio , et qui finit par m’agacer car elle essaye de me vendre à tout prix les produits bio, allant même parfois à essayer de me culpabiliser par rapport à ma fille , je trouve cela vraiment gonflant !!

  7. Ils peuvent bien faire comme ils veulent tant qu’ils me laissent manger mes burgers, mes frites et mes pizzas!
    Bio à petites doses pour moi, le vert ne me va pas trop au teint…;-)

  8. Le problème du bio, c’est le business qui va de pair et dans lequel beaucoup se sont engouffrés. Je fais mes courses auprès des producteurs locaux, pas forcément estampillés bio mais qui cultivent de saison … et pour y aller régulièrement, je vois des choses pas toujours jolies, jolies pour les AMAP. Une fois encore, l’idée était bonne jusqu’à ce que des personnes malhonnêtes veuillent profiter du système. Bref, j’ai un avis très mitigé sur la question, et je pense que comme tout, c’est une question de bon sens; même bio, je ne mange pas de carottes qui viennent de Pologne ou des fraises qui viennent du Maroc ! ah, je pourrais disserter des heures sur le sujet …

  9. Je mange bio, sans gluten et sans lactose, et j’adore m’en moquer, alors… je crois qu’il y a taquineries affectueuses et tir sans sommation, que les deux n’ont rien à voir et que rire des extrêmes fait partie d’une acceptation plus globale, mais ce n’est que mon avis, chez moi tous les prétextes sont bons pour une tranche de rire 😀

    http://www.mamzette.com/blog

  10. Une partie de ma famille est « bio pur et dur », l’autre pas du tout, moi je navigue entre deux eaux…Mais je peux comprendre la « terreur » exercée par certains comportements bio-extrêmes, ou le ridicule de certains autres, et surtout je comprends la mauvaise conscience que les partisans du bio peuvent faire ressentir et le rejet qui en découle ! Il y a du travail à faire pour changer encore l’image du bio, le faire entrer dans les mœurs, indépendamment des « castes », des appartenances et modèles sociaux…

  11. Un article qui me fait plaisir ! et oui  » manger bio ne relève pas du caprice, ca va de soi  » et ca me fait du bien de le lire, on l’entends bien trop peu !

  12. La dernière phrase de ton article…j’adore!
    Bon après lecture de presque tous ces commentairess forts enrichissants j’ai toujours ce sentiment de n’avoir rien à ajouter! … :)))

  13. ♥ « Des gestes qui, à terme, deviendront aussi naturels que de ruminer un brin d’herbe. » ♥

    Je ne suis pas une accro du bio, car il y a bio et bio. Mais je mange très sain, beaucoup de produits viennent de boutiques nature, et je le fais pour me respecter avant tout. Après ce que l’on en dit, je m’en balance.

    Pour ceux qui pensent que manger bio et/sain (c’est pas pareil) = se passer de bonnes choses, c’est juste une méconnaissance. Je préfère 10x + mes tablettes de chocolat cru au vrai cacao, beurre de cacao, et sucre de coco, que ce simili-chocolat de XYZ 😉 C’est 10x meilleur et en + c’est super bon pour ma santé!

    Et mon cake chocolat sans gluten ni lactose, il est SUPER délicieux! Et on en mange sans une once de culpabilité 🙂

    1. J’en veux bien la recette !
      (intolérance aux deux aliments pour mon premier bonhomme, alors quand je peux avoir des recettes testées et approuvées, je prends 😉 )
      Merci !

      1. Si tu vas sur mon blog, c’est le dernier billet 🙂 et tu as un lien pour télécharger le PDF de la recette aussi.
        Pas drôle pour un enfant ces intolérances, mais d’un autre côté cela ‘oblige’ à mieux se nourrir et il sera en meilleure santé générale.
        Bonne dégustation!

      2. J’y vais de suite !
        C’est vrai que je fais très attention et son frère et moi sommes soumis au même régime – que des bénéfices. 🙂

  14. Le bio n’est pas parfait, OK, mais ce n’est pas une raison pour s’en détourner complétement et continuer d’ engraisser les fabricants de produits chimiques et autres apprentis sorciers de la génétique.

  15. Ahah il est assez drôle cet article, moi je fais partis de ceux qui sont anti-bio surtout parce que comme c’est trop dur de manger sain, je préfère une bonne pizza ou un bom hamburger ! Mais j’admire les végétarien et ceux qui mangent bio, mais comme je suis jalouse de leur maitrise à ne pas craquer pour des conneries, je suis anti-bio 😀 ( aufait, merci pour tes commentaires sur mes photos ils m’ont fait vraiment plaisir, et au passage j’aime beaucoup ton blog)

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