Punir sans martyr

Qui aime bien châtie bien. Il est loin le temps des maîtresses qui martelaient à coup de règle les doigts des élèves indociles, les petites violences correctionnelles se voient désormais réservées aux adultes consentants. De la présomption de fessée au délit de laxisme, il aura suffit moins d’un siècle pour inverser le rapport de force ; en famille, à l’école et plus largement en société. En l’espace d’une claque, l’autorité a changé de camp. C’est ce qu’affirme Emmanuel Jaffelin dans son livre « coup de poing » : « de bourreau, le parent est devenu esclave : de monarque, il est devenu courtisan ». Un refus de punir symptomatique d’une démocratie qui « n’affronte pas les problèmes », préférant repousser l’échéance tant elle est « omnibulée par la dignité ». Chassée de la famille comme du cadre scolaire, la punition a mauvaise presse. Une absence d’autorité d’autant plus grave qu’elle incite aujourd’hui à la récidive, au sortir de prison comme de l’heure de colle.

punition

Proscrite au profit d’une déresponsabilisation totale, la sanction n’est-elle pas pourtant le préalable à une justice véritablement juste ? Politiquement incorrecte, cruelle et même tabou, cette dernière se voit réduite à la violence d’un geste qui fait mouche, alors qu’elle est par essence le premier pas vers le pardon. Une réparation du « corps et du coeur », pour « recoudre ce qui a été déchiré, sans en découdre ». Quand la mère indigne cède facilement à la pulsion d’une gifle sous le coup d’une humeur, celle qui baigne l’enfant roi dans le laisser-aller serait-elle pour autant moins coupable ? S’il faut réapprendre à corriger le tir, « qui punit bien, a bien moins à punir* ».

* Citation d’Antoine Houdar de La Motte ; Œuvre : Les abeilles – 1719.

67 réflexions sur « Punir sans martyr »

  1. Tu mets le doigt sur un sacré truc ! Je ne veux pas faire la réac mais les punitions ya que ça de vrai pour moi ! J’ai des petites sœurs et c’est bien la seule méthode qui fonctionne, surtout sur le long terme 🙂

  2. oh sa thèse est bien inquiétante pour les parents et les profs…. arg, j’espère que l’avenir réserve un retour à l’autorité incontestée des parents et des profs!
    xxx

  3. L’éducation, sujet délicat. Ce qui est sur, c’est que l’enseignant ne représente plus l’autorité comme il en fut le cas un temps. Il faut trouver le juste milieu et ce n’est pas toujours évident.
    Je te souhaite une très bonne fin de weekend et merci pour la découverte de ce livre.

  4. Un article qui donne encore une fois envie de lire ce livre !! l’éducation est un sujet important je trouve, il ne faut pas lésiner dessus, c’est bien que tu en parles! Je suis entièrement d’accord avec cette citation: « qui punit bien à bien moins à punir  » car tout est une question de stratégie à mettre en place, afin que l’enfant puisse se rendre compte et apprendre de ses erreurs (à mon sens) 😉
    Bisous

    http://lironsdelle.com

  5. C’est tellement ça! Auparavant les claques ne se perdaient pas et du coup l’autorité régnait! Pour avoir bossé avec des enfants, je suis complètement d’accord avec ton point de vue! La dernière phrase est tellement significative!

  6. Une belle tirade, en somme, il faut savoir en faire ni trop, ni pas assez en tant que parents ou instituteur… (et je ne tiens pour le moment pas à faire partie d’aucune de ces deux catégories je te l’avoue, j’aime profiter de ma tranquillité)

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