Les Bas-fonds du Baroque

Les-bas-fonds-du-Baroque-Petit-Palais-Paris-24-02-24-05-2015Derrière la grandeur de Rome, l’envers du décor. Si l’histoire a voulu retenir du XVIIe siècle l’opulence de la cité des Papes, le Petit Palais s’est mis au défi de montrer, pour la première fois, le pendant populaire de cette capitale hors-pair. Misère, vice, violence et sexualité débridée : tel est le programme que propose l’exposition « les Bas-fonds du Baroque » à travers une série de 70 tableaux réunis en collaboration avec la Villa Médicis, offrant un regard inédit sur le quotidien de l’époque. Dans l’ombre et la débauche, la Rome souillée des quartiers oubliés.

Anonyme caravagesque nordique (Simon Vouet ?), Homme faisant le geste de la fica, vers 1615- 1625. Huile sur toile, 51 x 39 cm Lucques, Museo Nazionale di Palazzo Mansi © Soprintendenza BAPSAE per le province di Lucca e Massa Carrara - Archivio fotografico.
© Soprintendenza BAPSAE per le province di
Lucca e Massa Carrara – Archivio fotografico.

Loin des canons du « beau idéal », les peintres caravagesques dévoilent un revers aussi grossier que fascinant. Non sans audace. Entre brigands, mendiants, ivrognes et courtisanes, la vermine a inspiré de nombreux artistes, à l’image du hollandais Pieter Van Lier qui s’est représenté en tant que sorcier dans son Autoportrait avec scène de Magie. Le diable au corps, libérant les sens par l’indécence. Il en va de même de la taverne, lieu de perdition par excellence éveillant chez le spectateur un sentiment où se mêlent frisson et excitation. Pris dans le tourbillon des excès de boisson et des jeux érotiques, il se voit interpellé sans cesse, complice dans La farce de Nicolas Régnier, ou même moqué par la célèbre fica, geste obscène (en référence au sexe féminin) réactualisant l’insulte à chaque regard. Un ancêtre du doigt d’honneur actuel, somme toute. Quand cette Rome marginale enivre autant que la gloire de Bacchus, on en viendrait presque à regretter que l’exposition ne soit pas plus dense en chef d’œuvres, tant elle rend aux gueux leurs lettres de noblesse. L’ivresse passée, on sort du Petit Palais comme après une fête bien arrosée : à la fois euphorique et misérable.

42 réflexions sur « Les Bas-fonds du Baroque »

  1. je dois y aller!!! il parait que la cour est superbe pour faire des photos…. je n’y suis pas allée depuis bien longtemps (ca remonte à une expo photos de demarchelier)

  2. La splendide Rome et sa face cachée, sa décadence. Cette exposition doit être vraiment intéressante, je suis sure qu’elle me plairait. Merci pour cette découverte 🙂

  3. Bonsoir Polina, je viens de découvrir ton blog que je trouve très beau dans son « architecture », intelligent et raffiné dans ses contenus, très fascinant dans l’ensemble…
    Ton article « Les bas-fonds du Baroque » est écrit superbement, avec intelligence, il invite à la réflexion sur le Baroque et ses mille facettes, il suscite la curiosité, et il laisse une saveur piquante et sensuelle très agréable… mes compliment les plus sincères pour ton travail! A bientôt, Francesco.

    1. Bonjour Francesco,
      Merci beaucoup pour ton message qui m’a sincèrement touché, c’est le genre de récompense qui n’a pas de prix ! Repasse quand tu veux, tu seras toujours le bienvenu. De mon côté je vais aller découvrir ton blog ;-).

  4. Cette expo me plairait tant!
    J’ai ma réponse pour le dessin. C’est donc Mélanie et je vais visiter son blog.

  5. Nous sommes des inconditionnelles du Caravage que nous connaissons surtout au travers des œuvres qui se trouvent à Rome et à Londres. Un des premiers en effet à aller chercher ses modèles dans les bas-fonds qu’il fréquentait assidument étant lui-même un « bad boy ».

  6. Après la toilette, les bas-fonds. En septembre, la grande histoire des cuvettes en porcelaine au Grand Palais. (oui je suis très très mauvaise langue vu que j’irai voir l’expo avec plaisir, mais c’est dans ma nature, els vannes pourries prennent le pas sur la raison, désolée)

  7. En lisant ton article, je me suis rappelée un tableau assez burlesque et grossier dans l’esprit du baroque! Un tableau de scène. La fête du mariage d’un jeune paysan il me semble!

  8. Je connaissais déjà certaines de ces œuvres et j’aime cette thématique picturale.
    PS : J’adore ta nouvelle bannière illustrée 🙂
    Bises

  9. Le Caravage c’est tellement puissant! Qui donc t’a si bien dessinée, la plume à la main? Il me faudrait un(e) artiste pareil(le) pour me rebooster un peu (je suis é-pui-sée)!

    1. Pour l’artiste, c’est Mélanie de jeveuxvivre.com … Elle excelle dans tous les styles !;-) Merci pour ton passage, c’est toujours un plaisir de te voir ici !

  10. J’avoue que pour le coup l’affiche de l’expo que je vois souvent dans le métro ne me donne pas spécialement envie d’y aller !

  11. Ca fait envie, c’est jusqu’à quand? je vais regarder! On s’est fait un circuit « Le Caravage » à Rome, on s’était régalés!

  12. Comme Lolotte et Blacksapes et tant d’autres dans ce beau pays, trop loin de Paris pour profiter de toutes les expos mais celle-là donne vraiment envie. J’adore les petites histoires de l’Histoire comme les hémorroïdes de Napoléon par ex. Alors faire du voyeurisme historique… un vieux fantasme 🙂

  13. Encore une belle invitation … mais pourquoi tout se passe à Paris ? Je vis vraiment dans les bas-fonds de la France !

  14. Ha ben, ouf, y’en a qui savaient encore rigoler (on ne peut conjuguer caniveau, mais rigoler bien !)

  15. J’ai un attachement particulier à Rome, cette exposition en donne un regard des plus intéressants

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