La pute et le curé

Après une première fois des plus jouissives, on a remis ça avec Marine. Dans le deuxième volet de nos tribulations historiques, voici la soirée « pute et curé » comme on n’en fait plus de nos jours, avec le détail des participants déniché sur Gallica. À l’ancienne.

pute et curé illustrationLa barbe ne fait pas le curé, pas plus que la toge ni le vœu de chasteté. Si l’on dit souvent que l’enfer est pavé de bonnes intentions, le religieux de l’ancien régime n’a rien d’un ange. À défaut d’avoir des ailes, il sait se poser les questions qui fâchent, en commençant par celle du célibat sacerdotal. Feu de Dieu ! À quoi bon se forcer à porter cette croix quand l’Éternel en personne a ordonné de s’aimer les uns les autres ? C’est à n’y rien comprendre. Plutôt que d’oser contredire la volonté divine en démêlant le vrai du faux, autant aller croquer la pomme tant qu’elle est encore juteuse.

Erreur de débutant, tel est pris qui croyait prendre : en flagrant délit, la main dans le pot de confiture. Ou du moins là où elle n’était jamais sensée se trouver : sous les jupons de la fille de joie. Non contente de ravir ces Messieurs de ses doigts de fée, la vilaine dénonce à la police tous les prêtres qui succombent à ses charmes, histoire d’arrondir ses fins de mois. Résultat : des dizaines de pieux se retrouvent fichés sur la liste de la honte, avec le détail des circonstances dans lesquelles ils furent chopés. Imaginez le scandale.

 

prostituee-cure-gallica

 

Rien de très catholique, somme toute. Sans parler de ce pauvre ecclésiastique de la Paroisse St-Paul, qui « s’est fait appliquer du rouge et des mouches sur le visage, pour connaître quelle serait sa figure en habit de femme ». Espérons que son reflet lui plut autant qu’aux policiers qui le surprirent, car pourquoi faire dans la dentelle quand il suffit de l’enfiler ? À en croire les auteurs de la fameuse liste, « si au lieu d’être forcés à acheter les plaisirs d’une fille publique », les religieux « pouvoient, comme les autres, sans blesser les regards d’autrui, et avec la protection des lois, goûter les charmes de l’himen, entre les bras d’une épouse chérie, dont l’amour et les vertus leurs auroit indiqué le choix. La société et les prêtres eux-mêmes y gagneroient, et la religion n’en serait pas moins respectable. » La confession, en tout cas, serait bien plus facile, un vice commode étant toujours plus supportable qu’une fatigante vertu. « Pardonnez-moi mon père parce que j’ai pêché »:  que l’on soit croyant, athé, hypocrite ou profane, les petits écarts font notre pain quotidien.

Article réalisé à partir de d’un document trouvé sur Gallica : la liste de tous les prêtres trouvés en flagrant délit chez les filles publiques de Paris sous l’ancien régime ; avec le nom et la demeure des femmes chez lesquelles ils ont été trouvés, et le détail des différents amusemens qu’ils ont pris avec elles. Tirée des papiers trouvés à la Bastille.

44 réflexions sur « La pute et le curé »

  1. J’ai toujours pensé qu’il fallait marier les curés! Grosse hypocrisie de tous les prêtres!
    Une riche découverte de Gallica!

  2. Tu écris divinement bien Paulina, j’adore ta plume !
    Je ne comprends pas pourquoi les hommes ou femmes de l’Eglise n’auraient pas le droit de se marier.
    Après tout, les prêtres sont sollicités pour les mariages, ils prônent l’amour et nous parle de l’amour qui doit exister contre vents et marrées dans le couple mais ma question est toujours : comment parler d’un sujet et surtout dicter des « commandements » que l’on a pas expérimenté soi-même ?
    Enfin la religion reste un mystère pour moi à ce niveau !
    Je t’embrasse et te souhaite un bon weekend en compagnie du soleil !

  3. J’aime tellement te lire, je ne te le dirai jamais assez, ton nom mérite les plus gros journaux mondiaux!
    En tout cas je suis tout à fait d’accord, à quoi bon tenter de vaincre le diable si il est assis sur notre épaule droite. Pourquoi ne pas faire la part des choses, et vivre notre vie comme bon nous semble sans contraintes ni guerres.

  4. Nous sommes d’accord sur un point! Pourquoi les prêtres n’auraient ils pas droit d’aimer et d’être aimés par une femme? Il faut dire que ton récit m’a collé un fou rire, quel don d’écriture tu as!

  5. Encore une fois j’ai beaucoup ri. Ton style est incroyable.
    Les expressions : polluer, amuser manuellement etc, sont d’une drôlerie absolue.
    PS : Ce qui est très sympa lorsque l’on s’arrête sur ton blog c’est que les commentaires y sont toujours très intéressants aussi. C’est donc que du bonheur !
    Bisous

  6. J’aime ta plume et ta manière de parler de ces sujets souvent « sans grand intérêt » avec un humour qui donne envie de s’y intéresser.

  7. quel régal cette lecture, là j’aime la toile , je pars à la recherche des tendance (suis créatrice de bijoux) et je tombe ici, une véritable perle ce blog ou est la new que je m’inscrive

  8. « Manualisé », « polluée », « amusé manuellement ». Dieu, que la langue est jouissive. Comment ça, un mauvais jeu de mots? Mon innocent cerveau ne mange pas de ce pain-là.

  9. J’aime bien la conclusion de ton billet et le thème choisi pour parler du péché… C’était très amusant en même temps 😉 x
    Maeva

  10. Un billet dont la lecture est jubilatoire ! J’adore ta façon d’écrire et ton blog Polina ! Et merci également pour ton adorable commentaire !
    XO
    Jeanne
    http ://fashionmusingsdiary.com

  11. Hello Polina!
    Je viens de lire vos 2 articles, complémentaires et informatifs: je vois que quelques siècles plus tard, rien n’a changé et la fête continue.
    Va dire à un lion d’être abstinent… A moins de le castrer, je vois mal comment il pourrait résister à de belles femelles…et le curé, a-t-il oublié qu’il est un être vivant, qui comme l’animal, a des pulsions et des envies?
    Toutes ces défaillances hypocrites continueront tant que l’humain se pensera parfait, immortel, et inhumain, finalement.
    Ces brèves historiques sont délicieuses, vivement les prochaines.
    Bise

  12. Ce pourrait être une histoire drôle mais non, c’est juste une histoire vraie. Le combat de quelques esprits chagrins contre la chair, qui traduisent plaisir par vices… au lieu de se ré-jouir !

    1. Un prêtre, se rendant à sa paroisse en voiture, rencontre sur la route une bonne soeur.
      Il s’arrête et lui dit:
      – Ma soeur, montez, je vous dépose au couvent.
      La soeur monte et s’assied sur le siège passager. En croisant les jambes, son habit s’ouvre un peu découvrant une partie de la jambe. Le père ne cesse de la regarder et continue à conduire. Tout à coup il lui touche la jambe et la soeur lui dit :
      – Mon père, rappelez-vous du psaume 129.
      Le père lui fait ses excuses et continue à conduire. Puis recommence à lui toucher la jambe et la soeur lui dit de nouveau :
      – Mon père, rappelez-vous du psaume 129.
      Le père s’excuse en disant :
      – Pardonnez-moi, ma soeur, mais la chair est faible.
      La soeur descend et le père arrive à sa paroisse en se dépêchant d’aller consulter, dans sa Bible, le psaume 129. Il trouve le psaume qui dit :
      – Continuez à chercher plus haut et vous trouverez la Gloire…
      Morale pour les femmes :
      Si vous ne voulez pas rester avec des envies insatisfaites, parlez clairement!
      Morale pour les hommes :
      Comprenez une fois pour toutes que jamais les femmes ne diront oui directement!
      ………………………………………………………….

      C’est l’histoire d’un prêtre qui tous les jours après son repas du midi, vient se reposer sous un arbre.
      Alors qu’il écoutait le chant des oiseaux, il lève la tête vers les branchages et aperçoit une petite fille debout tout en haut et sans culotte :
      – Sainte Marie mère de DIEU, descend tout de suite!!
      La petite éxecute.
      – Tiens voilà 10 euros, dit à ta mère de t’acheter une culotte.
      – Maman, maman regarde le prêtre t’as dit de m’acheter une culotte.
      La mère intriguée :
      – Ben si c’est moi qui monte sur les branches, combien va-t-il me donner???
      Alors elle monte sur les branches et sans culotte biensur et attend celui ci.
      Le prêtre comme d’habitude lève la tête et voit la maman :
      – Sainte Marie mère de DIEU, descend tout de suite. Tiens voilà 5 euros va t’acheter un rasoir…

  13. Très drôle et rassurant ! Dans le fond, ce n’était que des hommes et tu l’as si bien dit : À quoi bon se forcer à porter cette croix quand l’Éternel en personne a ordonné de s’aimer les uns les autres ? 🙂 Pour mieux servir le saint patron, il ne faut pas prendre de seins pour distraction. 😉

    1. J’ai retenu la même citation, Gaïa, et j’adore cette histoire, qui dans son aspect quasi-comique, démontre bien l’absurdité du célibat imposé de force…
      Et les choses continuent, comme par le passé.
      Merci, Polina, c’est un véritable bijou

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