« À consommer avec modération ». Longtemps martelé avec un malin plaisir par les publicitaires, voilà un slogan qui définit désormais notre propre rapport à la dépense. Bons plans, rabais et autres promotions ne sont plus le privilège du « pauvre », mais la monnaie courante d’une crise qui a muté en état constant. Aucune raison d’en avoir honte : il a bien fallu s’adapter, de force mais aussi de gré. Si l’acte d’achat par essence n’a jamais été gratuit, il semble aujourd’hui porteur d’une signification particulière, plus profonde que la simple pulsion qui lui suffisait autrefois.
Dis-moi comment tu consommes, je te dirais qui tu es : credo moderne d’un « consom’acteur » se revendiquant raisonné, sélectif et sensible à l’authenticité des produits qu’il achète. Et fier de l’être. Bio, écolo, made in France et local, ne sont ils pas tant de marqueurs militants pour lesquels « ça vaut le coup » de mettre le prix ? La planète dira merci. Sus au superflu et au gaspillage, toute nouvelle acquisition se veut vertueuse, réfléchie et surtout utile, épurée dans sa forme jusqu’au choix du packaging. En témoigne le grand retour du « fait maison », qu’il s’agisse de cuisine, de bricolage, de couture ou de « do it yourself ». Histoire d’occuper les dix doigts autrement que par le va et vient de la carte bancaire. Un virage radical pour les entreprises, annonciateur d’un « new deal » où la confiance se gagne plus difficilement qu’elle se perd. Plus question de faire les frais d’une énième arnaque : maintenant qu’il a pris conscience de son potentiel d’influence, le client-roi n’hésite plus à « édicter ses conditions générales d’achat ». Ambassadrice, décisionnaire et co-créatrice des produits, « ce qui avant semblait être une masse compacte, de consommateurs potentiels, s’est muée en une myriade d’atomes interconnectés ». Une forme de « narration entre soi et les autres » amplifiée par la force du web et relayée par les réseaux sociaux. Aussi douloureuse fût-elle, c’est peut-être là que la crise a joué son rôle le plus salvateur, transformant le « pouvoir d’achat » en « vouloir d’achat ». Nuance. Un heureux paradoxe à l’heure de l’hyperconso’, d’autant plus surprenant qu’il survivra sans doute à la reprise économique annoncée. Car comme les vieux réflexes, les bonnes pratiques elles aussi ont la vie dure.
Toujours pertinente dans tes propos… 🙂
A bientôt sur nos blogs respectifs… Cinéluctable se languit de tes commentaires. 😀
Chère Polina tu as fait un article très juste. « Dis-moi comment tu consommes, je te dirais qui tu es », un dicton qui me correspond, malheureusement. A l’heure de la superconso’, je m’efforce de toutes mes forces de la contrer 🙂
Si seulement les médias jouaient le jeu du consommateur… On arriverait surement à quelque chose!
Dans le principe, je trouve que ce » qu’a apporté » la crise a du bon. Ce qui m’insupporte ce sont les médias qui aliment un climat hostile en utilisant toutes les trois minutes le mot » crise » dans leur discours.
http://www.unefillederable.com
Génial ! ton article me parle !
Hâte de le lire. Encore une chouette sélection que tu nous fais là 🙂
Toujours un plaisir de découvrir tes articles.
Bises.
http://www.artemis-leblog.blogspot.fr
Tu es un très beau blog! Autant dans la présentation que dans le contenu! Bravo 🙂
De qui est le dessin ? (Je n’ai pas encore lu les précédents commentaires, peut-être y trouverai-je la réponse).
Maintenant chez moi, c’est devenu un sport. Avant chaque achat je me pose la question « en as-tu besoin ou en as-tu envie ? » Et souvent je ressors du magasin les mains vides. Je ne prends plus jamais les publicités et autres flyers (alors que j’en ai moi-même distribué lorsque j’étais étudiante. Il faut bien vivre), journaux gratuits, échantillons, sacs, produits promotionnels et publicitaires etc. On s’en porte bien mieux à la maison. Plus d’espace. Le vrai luxe c’est l’espace (et ce n’est pas Renault qui le dit là !). Mais c’est un sport difficile les pro du marketing sont très doués pour nous créer de nouveaux besoins à la chaîne.
Ton article est passionnant, je vois qu’il a drôlement fait rebondir !
Je rejoins entièrement ton avis!
Le vrai luxe c’est l’espace ♥ C’est mon mode de vie!
😉
La crise a finalement eu du bon, nous pousser à consommer mieux et plus réfléchi… Pour ma part, j’essaie de m’y tenir depuis un moment et mon portefeuille s’en porte mieux 😉