Le sourire du plombier

« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » : aujourd’hui, trois caractères peuvent même suffire : ;-). SMS, MMS, forums et réseaux sociaux, les smileys ont quasiment envahi tous nos moyens de communication… y compris les petits mots que l’on rédige à la main. Une véritable invasion extra-terrestre. Personne n’échappe au petit bonhomme jaune, surtout pas le troisième âge découvrant subitement les joies de la high-tech. Et c’est encore pire depuis que les émoticones sont devenus animés. Même ma mère s’y est mise. L’engouement est tel qu’il est désormais impossible de rédiger un message sans y glisser un bisou, un coeur, une fleur, un soleil ou n’importe quelle autre fantaisie. Surtout pour des personnes – comme moi – qui usent et abusent des points d’exclamation… presque à toutes les phrases. Comme s’il n’y avait pas d’autre ponctuation possible pour communiquer son enthousiasme aux interlocuteurs; ou passer pour une tarée, au choix. 

Ces icônes ont au moins l’avantage de faire sauter la barrière de la langue, l’éventail des possibilités étant devenu tellement large qu’on pourrait presque communiquer uniquement par images interposées. A condition bien sûr de ne pas confondre le smiley crotte avec un gâteau au chocolat, sauf si vous aimez les métaphores. Parole de spécialiste. L’évolution suivant son cours, le bonhomme jaune a fini par muter comme les pokémons : sur la toile, on ne voit plus que lui et ses produits dérivés. Y compris sur les sites d’information, ce qui n’est pas forcément bon signe. Emoticones, gifs, images, extraits de films animés…Plus ils sont gros, moins on a de choses à dire. Un comble quand on sait qu’un sourire prédispose toujours à la conversation. Tant qu’on ne tire pas, bien sûr, la même grimace que notre avatar jaune sur l’écran !