Le Kâma-Sûtra « sexpose »

expo-kama-sutraLa galipette en 64 positions. Pour la première fois, la Pinacothèque de Paris consacre une exposition aussi osée que « profonde » au plus célèbre des livres hindouistes : le Kâma-Sûtra. Si l’Occident le résume souvent – à tort – à une vulgaire encyclopédie pornographique, ce texte fondateur de l’une des plus anciennes religions orientales était censé servir de guide à l’homme et à la femme pour atteindre le salut. Et pas uniquement à quatre pattes. S’il fait partie de ces ouvrages que l’on préfère feuilleter en privé, la Pinacothèque a réunit plus de 300 œuvres des collections majeures pour replacer le Kâma-Sûtra dans son contexte spirituel de l’époque : en sept livres et trente-six chapitres, selon son découpage d’origine. Une perche fort bien tendue pour être refusée.

© Pinacothèque de Paris Ganesha, École de Sirohi, Rajasthan, XVIIIe siècle, Aquarelle, 12,7 x 17 cm, Collection privée, Ahmedabad.
© Pinacothèque de Paris
Ganesha, École de Sirohi, Rajasthan, XVIIIe siècle, Aquarelle, 12,7 x 17 cm, Collection privée, Ahmedabad.

« L’érotisme du Kâma-Sûtra n’est pas l’art de la gaudriole mais un art sérieux et savant », rappelle Michel Angot. « Il illustre cette tendance profonde en Inde de transformer l’acte d’amour en un rite où les protagonistes ne sont pas seulement livrés à la passion mais principalement au savoir. Dès lors la pertinence de l’opposition sacré-profane s’efface ». Quand l’Europe chrétienne a longtemps mal interprété cette sensualité omniprésente, « cela tient au fait que si dans le christianisme Dieu est amour, en Inde Dieu fait l’amour ». Pas vite fait bien fait, mais divinement bien et à grands renforts d’acrobaties… Jusqu’à donner le tournis. Car si les culbutes en tout sens font d’abord sourire, la haute voltige et les rangées de phallus miniatures risquent d’assommer quelques-uns au terme du parcours, à force de répétition. Mieux vaut privilégier la qualité à la quantité ; la sexualité n’échappe pas à cette règle. Le propos de l’exposition n’en reste pas moins vif, coquin et piquant à souhait: juste assez pour séduire, somme toute.

49 réflexions sur « Le Kâma-Sûtra « sexpose » »

  1. Le monsieur sur la vidéo Polina, il dit qu’il y a 300 positions ( les 236 peu connues) sont réservées aux acrobates voir aux contorsionnistes 😦

  2. Cette exposition doit être très intéressante. Je n’ai encore jamais eu l’occasion de jeter un œil au Kama Sutra mais je ne le réduis pas à une simple oeuvre pornographique, je pense au contraire que ce livre nous présente le désir comme une sorte de philosophie de vie.
    En tous les cas, j’aime toujours autant ta plume.
    Je t’embrasse et te souhaite une très bonne fin de weekend 🙂

  3. J’étais à Paris la semaine dernière mais… avec les enfants. Déjà qu’ils ont détesté Pigalle de jour, je ne suis pas sûr que cette expo leur aurait plu. 😕

  4. Le kama sutra existe aussi en version livre 3D, ces livres dont on ne voit les images qu’en louchant, sinon ce sont des motifs indistincts. C’est très bon pour les muscles des yeux, il parait.

  5. Une approche très intéressante effectivement ! Je n’aurais jamais imaginé autant de spiritualité derrière tout ça. Comme quoi, notre regard occidental a souvent tendance à tout déformer et mal interpréter ^_^

  6. Je vois d’ici les statistiques à la fin de l’expo: « des services d’urgence débordés suite à une recrudescence de foulures diverses et de lumbagos en chaîne ». C’est que nombre de visiteurs risquent de relever le défi et de saisir la perche tendue (tu m’as tuée, avec ta perche). D’où les rangées de mini phallus. Ca atténue les complexes.

  7. Cela me rappelle certains temples hindouistes ou tu peux admirer des figurines reproduisant des scénes du kamasutra. Je passe généralement un temps pas possible à détailler chacune des petites statuettes … au délà de l’aspect érotique, il s’agit effectivement d’un art à part entiere !

  8. Merci, Polina, tu trouves toujours le ton juste mais j’apprécie énormément ce lien entre la sexualité et le spirituel. Notre si triste et culpabilisante tradition judéo-chrétienne n’en fait que le « devoir conjugal », destiné à procréer, qui plus est, alors que les Orientaux la considèrent comme une de voies pour atteindre le Divin. Car l’orgasme nous en rapproche… avec ou sans acrobaties 🙂

  9. Les indiens étaient bien plus libres dans leur sexualité que nous, coincés dans la civilisation judéo-chrétienne. En visitant l’Inde, on rencontre partout de dessins et de statues que l’on qualifierait d »érotiques » chez nous.

  10. Et bien, tu ‘en bouches un coin! Je ne savais pas que ça avait quelque chose de spirituel! Comme quoi on juge souvent beaucoup trop vite!!

  11. J’avais entendu parler de cet expo dans « Ce soir ou jamais ». On sent bien que ce n’est pas juste du sexe qui est présenté mais un mode de vie dont le sexe fait parti.

  12. idem je ne pense pas que cela soit pornographique, c’est plutot meme poetique dans les mots, et c’est tres sentiment, car c’est pour combler l’etre aimé, c’est une union véritable d’amour, enfin je trouve,

  13. Merci pour ce joli texte. Tu m’as donné envie d’aller à cette exposition. Le désir mérite d’être prix au sérieux. C’est egalement l’occasion de s’intéresser à l’histoire de l’Inde ancienne… Bonne semaine Polinacide 🙂

  14. Hummm, intéressant. Tu me donnes envie d’aller voir cette expo. On entend souvent parler du kama sutra comme s’il s’agissait d’une blague pornographique. Le désir mérite d’être pris au sérieux… Bonne semaine Polinacide ;’)

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